
C’est devenu une terre de non droit comparable au far west américain du milieu du XIXème siècle début XXème siècle. La chefferie Plaine de la Ruzizi est depuis 2012 sous les feux de la rampe des entités à problème dans le territoire d’Uvira, dans la province du Sud-Kivu. Les conflits inter-communautaires entre bafuliru et barundi dans cette chefferie ont fini par avoir raison de l’appareil administratif de l’entité aujourd’hui plongée dans la confusion la plus abjecte.
Les 3 groupements qui composent cette chefferie à savoir: Kabunambo, Luberizi et Kakamba sont dirigés chacun par deux administrations parallèles, deux chefs de groupement dont l’un répondant aux ordres de l’administrateur du territoire et l’autre dépendant du chef de la chefferie. C’est dans cette cacophonie que vivent les habitants de la plaine de la Ruzizi qui ne cachent plus leur dépit face à la paralysie généralisée de tous les services de leurs groupements.
L’administrateur du territoire d’Uvira, monsieur Selemani a confirmé toutes ces informations et s’en remet à sa hiérarchie, au niveau national, qui dit-il doit trouver des réponses appropriées aux problèmes qui se posent dans la Chefferie Plaine de la Ruzizi ; des problèmes qu’il a hérités car ils datent de longtemps, depuis la rébellion du RCD. Le gouvernement de la république en a rajouté une couche en nommant pêle-mêle les chefs de groupement qui se sont retrouvés à 2 à la tête de chaque entité, ajoute notre source. En tant qu’administrateur je suis obligé parfois de faire contre mauvaise fortune bon coeur en travaillant avec tout le monde, y compris le chef de chefferie, le mwami Kinyunyi. « Nous nous réunissons quelques fois avec lui mais souvent il (le chef de Chefferie) se fait représenter par son secrétaire administratif.
Dans une interview que le mwami Richard NIJIMBERE KINYONI III, chef de la chefferie Plaine de Ruzizi a accordée à notre magazine Le Courrier de Bukavu, celui-ci revient sur les origines des difficultés actuelles que connait sa juridiction. Il rappelle le conflit depuis l’indépendance de la RDC entre les bafuliru et les barundi, deux tribus qui habitent la plaine. Les uns ne voulant pas de la présence des autres et vice versa. Il dénonce dans la foulée la main mise des politiciens qui instrumentalisent des jeunes et des milices tribales. Le mwami Richard NIJIMBERE note qu’après l’assassinat l’année dernière d’un taxateur de la chefferie par un groupe rival la situation a failli dégénérer mais pour bien comprendre le niveau de l’anarchie actuel il faut remonter à 2012 lors de l’assassinat de son défunt père auquel il a succédé le mwami Ndabagoye. Son avènement à la tête de la chefferie n’a pas été un long fleuve tranquille puisque le bicephalisme au sommet des groupements a commencé et continue jusqu’aujourd’hui. Un appel pressent est lancé au gouvernement de la république pour que l’ordre établi revienne et que la chefferie Plaine de la Ruzizi redevienne une destination de choix pour les ONG locale et internationale.
De son côté, Mabange Nonge, habitant de Bwegera déplore le fait que les enfants ne sont plus enregistrés à l’état civil, les mariages ne sont plus célébrés, la population ne paye plus les taxes pour donner les moyens à l’administration locale. Pour lui, le conflit socio-économique et foncier qui oppose les bafuliru et les barundi dans la plaine de la Ruzizi constitue un frein au développement de cette entité territoriale décentralisée.
Certes, sur le plan sécuritaire une accalmie s’observe , affirme Soko Mayeye, chef de groupement démis de ses fonctions par le chef de chefferie mais remis à son poste par l’administrateur du territoire.
Notre interlocuteur tire la sonnette d’alarme pour interpeller le gouvernement de la république de sortir de son apathie et prendre à bras le corps ce problème en vue d’éteindre ce feu qui couve dans l’indifférence générale. Par le passé, plusieurs missions de pacification ont été menées dans la plaine, rappelle Paul Byamungu Shamamba, président de la nouvelle société civile congolaise qui suggère que la chefferie Plaine de Ruzizi soit érigée en secteur, ce qui pour lui serait une solution durable car selon lui la gestion de secteur ne serait plus confiée ni aux bafuliru ni aux barundi. Cependant, cette option est vivement critiquée par le chef de Chefferie qui y voit défiler en filigrane la main noire des faucons de la tribu rivale qui, d’après lui, veulent ravir aux barundi leur chefferie.
Le président de la nouvelle société civile du Congo dit aussi avoir dénoncé plusieurs fois les actes barbares perpétrés par des membres de deux communautés antagonistes.
Pour les uns tout comme pour les autres le gouvernement provincial et celui de la république doivent conjuguer ensemble leurs efforts avec des leaders locaux afin d’emmener barundi et bafuliru à fumer le calumet de la paix.
Avec notre envoyé spécial à Bwegera Wendo Joés
« Primo » si ces problèmes persistent, c’est à cause de la mauvaise volonté de nos dirigeants, ils travaillent et prennent des décisions sous l’influence de la corruption et non des lois de la République. Combien de fois le gouvernement a prouvé les chefs de groupements de la tribu fuliru qu’ils n’ont été et qu’ils ne seront jamais de familles régnantes mais par sa mauvaise volonté animé par la corruption L’administrateur du territoire n’a jamais eu le courage de les suspendre au contraire il a l’audace de suspendre les chefs intronisé par le chef de la chefferie sans aucune justification valable.
« Secundo » : Érigé la chefferie en secteur n’ est pas une solution car le secteur est aussi subdivisé en groupements et les chefs de groupements reconnu par la loi sont tous issus de la tribu RUNDI. Le problème n’est au niveau de la chefferie car nous avons un seul chef de la chefferie qui est issus de la communauté RUNDI.
Nous conseillerons L’A.T de faire appliquer les les lois de notre chère République et de se méfier de la corruption, des intimidations des chefs de rebellions(voleurs) fuliru et des influences de certains notables fuliru.
En fin il est à noter que toutes ces désordres se font au niveau du territoire car nous n’avons jamais vu un document officiel de la province ou du gouvernement national appuyant ces désordres.
Nous dénonçons l’attitude hypocrite du gouvernement provincial et national. Leur silence prouve bel et bien le soutien à l’étoufement du peuple RUNDI au profit des BAFULIRO. Nous rappelons à tous le respect de la Constitution.